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Comparaison 2000-2016: Sous le soleil des États-Unis, rien de nouveau

Pour éclairer une analyse du phénomène Trump, il serait utile de comparer l’élection d’hier avec celle de Al Gore contre GW Bush, la dernière fois qu’un républicain apparemment sans beaucoup d’aptitudes sur les questions de fond a remporté la présidentielle grâce au collège électoral alors que son adversaire démocrate manifestement compétent était identifié à une administration de son parti installée depuis huit ans.

Les données qui suivent sont issues du site du New York Times, à la rubrique des sondages de sortie des urnes (exit polls).

Est-ce qu’on assiste à une profonde division selon les sexes ? Les accusation d’agression sexuelle et les propos sexistes du milliardaire, de même que la candidature sans précédent de HR Clinton pourraient le laisser croire. En fait, Trump a obtenu 53% du suffrage masculin et Bush avait obtenu précisément 53% de ce bloc de votes en 2000. S’il y a une division politique selon le sexe aux États-Unis, ça ne date pas d’hier.

Une division des races? Trump a obtenu 58% du vote des Blancs. Bush en avait obtenu 54%. Significatif, mais pas renversant comme différence. Chez les Latinos, Trump a obtenu 29%, Bush avait eu 35%. Avantage Clinton. Mais pas par une marge si importante, compte tenu des propos et des propositions de Trump sur l’immigration.

Pour l’âge, les moins de 30 ans ont voté pour Trump à 37%, ils avaient voté pour Bush à 46%. Dans les autres groupes d’âge, la différence est de quelques points seulement avec des personnes de 45 ans et plus votant pour Trump davantage que pour Bush, mais pas par une grande marge.

L’éducation alors ? Les détenteurs d’un diplôme d’études secondaire (pas plus) ont voté pour Trump à 49% et pour Bush à 51%. Pas une grande différence. Si on combine l’éducation et la « race », on arrive à cette catégorie particulière, les Blancs avec une éducation de niveau secondaire ou sans diplôme. Ces personnes ont voté pour Trump à 67%. Impressionnant. Il s’agit d’un bloc comprenant 34% de la population totale des États-Unis. Mais elles avaient quand même voté pour Bush à 57%. Un changement significatif mais pas du tout au tout.

Les personnes qui considéraient que la situation économique était mauvaise ont voté à 79% pour Trump, mais avaient appuyé Bush à seulement 58% en 2000. Une différence de plus de 20 points de pourcentage affectant 21% de la population. Se pourrait-il que ce soient ces personnes, affectées par la précarité du travail et la stagnation des salaires, ou les effets de la privatisation et des coupures de services dans des États du Mid-West ou dans les vieux centres industriels de l’Ohio et de la Pensylvanie, qui ont fait la différence ?

Mais il y a aussi deux questions qui ont été posées cette année et qui ne figurait pas dans les « exit polls » des élections précédentes et dont les résultats sont frappants. 25% des électeurs interrogés pensent que la plupart des immigrants illégaux devraient être déportés. Ces personnes ont voté pour Trump à 84%. Aussi, 41% des répondants se sont déclarés favorable à la construction d’une muraille de long de la frontière avec le Mexique. Ces électeurs et électrices ont bien entendu appuyé Trump à 86%, ce qui constitue une base électorale énorme.


Qu’est-ce qui ressort donc de notre petite étude ? La base électorale de Trump n’est pas sensiblement plus blanche, plus masculine ou plus religieuse que celle de Bush en 2000 ou en 2004. Par contre, elle a une vision très négative de la situation économique et est hostile à l’immigration. Trump a capitalisé sur ce sentiment durant toute sa campagne, du début des primaires jusqu’à la veille du scrutin. Son mouvement politique est donc fondé sur la recherche de boucs émissaires issus de l’immigration dans un contexte de détresse économique, tout comme l’électorat ayant appuyé le Brexit en Grande-Bretagne ou la base du Front national en France ou d’autres partis de droite dure ailleurs en Europe. C’est le fond de l’affaire. Pour combattre ce phénomène, il faut construire un mouvement social et politique rassemblant toutes les personnes qui ont souffert des conséquences de la mondialisation et de la désindustrialisation, de la précarité du travail et de l’accroissement des inégalités, au-delà des divisions identitaires entretenues pas les démagogues de droite comme Trump, Farage ou Le Pen. 

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