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Discours contre le projet de loi C-51

(Notes préparatoire au discours que j'ai prononcé à une manifestation contre le projet de loi C-51, devant les bureaux du Premier ministre Harper, le 14 mars 2015, en tant que porte-parole régional de l'Outaouais pour Québec solidaire)

Qu’est-ce que nous apprend le projet de loi C-51?

UN. Que le gouvernement Harper n’a aucun respect pour les droits de la personne et est prêt à tout pour augmenter les pouvoirs de la police et du SCRS.
Pour eux, défendre les intérêts du Canada, c’est défendre les intérêts des grandes entreprises pétrolières minières, financières et autres basées au Canada, pas défendre les droits des personnes qui vivent au Canada. C’est faire construire des oléoducs à tout prix pour permettre l’expansion des sables bitumineux.
Sur ce plan, ils sont sur la même longueur d’onde que le maire de Saguenay ou le Premier ministre du Québec : les écologistes et les autochtones sont des problèmes pour leurs projets économiques. 
Ce n’est pas entièrement nouveau, mais on sait maintenant jusqu’où ils peuvent aller : traiter comme des criminels les personnes qui contestent les politiques économiques ou environnementales de ce gouvernement, attaquer les groupes qui critiquent leur politique étrangère ou leur conservatisme social…

DEUX. Que défendre les droits de la personne signifie défendre tous les droits de toutes les personnes ou ne veut rien dire du tout.
Si on laisse le gouvernement mépriser les droits d’une seule catégorie de la population, que ce soit les femmes musulmanes, les Premières nations, les syndicalistes, ou autres, alors tous nos droits sont fragilisés et le pouvoir arbitraire du gouvernement augmente.
Vous connaissez le poème : Quand ils s’en sont pris aux femmes musulmanes, je n’étais pas une femme musulmane, alors je n’ai rien dit. Ils s’en s’ont pris aux Autochtones, mais je n’étais pas autochtones, alors… Ils s’en sont pris aux syndicalistes… Finalement, quand ils se sont attaqués à mes droits, il ne restait plus personne pour me défendre.

TROIS. Que l’Islamophobie est un instrument puissant entre les mains de politiciens autoritaires et sans scrupules.

Le régime Harper faisait face à une défaite certaine aux élections de cet automne jusqu’à ce que les crimes commis à deux pas d’ici, à Saint-Jean-sur-le-Richelieu et à Paris lui donnent une occasion en or de manipuler la peur du terrorisme et de la « radicalisation » pour se faire du capital politique.

L’islamophobie permet de faire plusieurs choses.

Premièrement, nous faire oublier que derrière les voiles, il y a des femmes, que ces femmes sont des personnes qui ont des droits. Et une fois qu’on oublie ça, on se place sur une pente descendante qui remet en question les droits de tout le monde.

Deuxièmement, on s’empêche d’analyser des phénomènes comme la montée du fondamentalisme religieux, les conflits armés au Moyen-Orient, ou les attentats terroristes dans les pays occidentaux d’une manière politique, historique, sociologique, comme des phénomènes humains qu’on peut déplorer mais qu’on peut aussi comprendre.
Dire que tout ça est le résultat d’une guerre de civilisations, d’une haine profonde et irrationnelle enracinée dans une certaine « culture », c’est refuser de comprendre ce qui se passe et, comme on le voit avec C51 ou avec la nouvelle guerre en Iraq, de proposer des moyens d’action qui ne font rien pour changer les choses.

Troisièmement, on créer la confusion et des divisions parmi les adversaires du gouvernement et de son impérialisme pétrolier.

Le fait que le Bloc québécois, un parti indépendantiste, appuie maintenant un projet de loi qui vise à redonner aux services de renseignement et de sécurité canadiens les pouvoirs qu’on leur avait enlevé dans les années 1980 justement à cause des abus commis dans leur campagne contre le mouvement indépendantiste québécois est une honte épouvantable. Seul le ralliement du PQ puis du Bloc à l’islamophobie au nom d’une conception tordue de la laïcité explique une telle aberration.

Il n’y a pas de pire voile que celui de l’ignorance et des préjugés!
Les valeurs de liberté, de démocratie et d’auto-détermination doivent s’appliquer à tout le monde ou ne seront respectés pour personne!
Non au régime autoritaire, militariste, colonialiste et écocidaire des Conservateurs!
Pour la défense de nos droits et de notre environnement : Solidarité! 

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