Plusieurs films dont l'action se déroule en Irak ont été produits aux États-Unis depuis le début de cette guerre, dont trois que j'ai vus récemment. Il s'agit de The Hurt Locker (gagnant de l'oscar du meilleur film), Green Zone et Men who stare at goats (Les hommes qui fixent des chèvres).
The Hurt Locker est un film unique, une sorte de suspense intense autour du métier insensé des démineurs. Le personage principal est d'une témérité maladive, sans doute causée par une dépendance à l'adrénaline. Tout au long, on nous fait suivre les activités excessivement dangeureuses d'un petit groupe de soldats américains en plein coeur de l'Irak. On pourrait reprocher à l'histoire de se centrer sur l'expérience des solidats de la force d'occupation, et non des gens qui la subissent. Mais je ne crois pas à l'idée selon laquelle il faudrait toujours représenter principalement les points de vue des opprimés et des exclus. Celui des dominants (voir le Nixon de Oliver Stone, un de mes films préférés de tous les temps) ou des exécuteurs de leurs oeuvres peut aussi être rempli de vérité. Cette histoire en est un bon exemple. Il n'y a pas d'idéalisation du personnage central, il est impulsif, parfois irresponsable, un peu déséquilibré et clairement troublé psychologiquement par son expérience. Ce n'est certainement pas un film qui donne le goût de faire la guerre. La réalisatrice, Kathrin Bigalow, a certes souligné le sacrifice et le dévouement des troupes américaines dans ses discours, mais toujours en ajoutant "qu'ils nous reviennent sains et saufs". C'est une atténuation du slogan "Appuyez les soldats, ramenez-les à la maison" qui a été très important pour le mouvement antiguerre des États-Unis. Sommes toutes, je vous conseille de le voir.
Green Zone est beaucoup plus explicitement politique. Dans ce film, un soldat d'expérience joué par Matt Damon est envoyé avec son équipe pour chercher les fameuses "armes de destruction massive" qui ont servi de prétexte à l'invasion de l'Irak. Il se promène d'une usine abandonnée à une autre pendant des mois, risquant sa vie dans cette poursuite vaine mais qui devait se faire étant donné la rhétorique politique ayant justifié la guerre. En posant quelques questions ambarassantes, il prend contact d'abord avec un vieux routier de la CIA qui n'a jamais cru les prétentions de son gouvernement, puis avec une journaliste qui avait relayé un prétendu scoop à l'effet qu'un informateur fiable et haut placé dans le gouvernement irakien avait rencontré un officiel américain également important et confirmé l'existence des "WMD". Il finira par découvrir que le dossier du gouvernement reposait sur un mensonge pur et simple.
L'ensemble du film est donc une représentation en microcosme de toute la mascarade de l'administration Bush sur l'Irak et de la désillusion cruelle qui s'est abattue sur les soldats et les citoyens du pays à mesure que l'imposture devenait de plus en plus évidente. Une réussite de la part de ceux qui avaient produits la série "Bourne" basée sur les romans de Ludlum, trois excellents divertissements mais au contenu beaucoup moins pertinent.
J'ai gardé mon préféré pour la fin avec "Men who stare at goats". C'est sans doute une des meilleurs films que j'ai vu ces dernières années; et j'en vois beaucoup! Cette comédie étrange est non seulement une grande parabole antiguerre centrée sur l'Irak, mais aussi un rappel de tout le mouvement pacifiste de la période du Viet Nam. En effet, un des personnages principaux, joué avec un calme étonnant par le très pince-sans-rire George Clooney, est un vieux routier de l'armée américaine qui avait été recruté, tout de suite après le Viet Nam, pour faire partie d'une "escouade de la paix" fondant son pouvoir sur des facultés extra-sensorielles et la non-violence. Soulignons la performance hilarante de Jeff Bridges, récemment oscarisé, dans le rôle du chef de cet escadron loufoque.
Ewan McGregor y joue un journaliste qui tombe par hasard sur le soldat "de la paix" désorienté par la dissolution de son unité spéciale. Les deux se retrouvent dans une aventure fantaisiste et vont d'une péripécie incroyable à une autre pendant que le personnage de Clooney racconte son histoire. C'est mourant, c'est touchant et ça fait sourire jusqu'au fond de l'âme. Louez-le dès que vous en aurez l'occasion!
À la prochaine.
The Hurt Locker est un film unique, une sorte de suspense intense autour du métier insensé des démineurs. Le personage principal est d'une témérité maladive, sans doute causée par une dépendance à l'adrénaline. Tout au long, on nous fait suivre les activités excessivement dangeureuses d'un petit groupe de soldats américains en plein coeur de l'Irak. On pourrait reprocher à l'histoire de se centrer sur l'expérience des solidats de la force d'occupation, et non des gens qui la subissent. Mais je ne crois pas à l'idée selon laquelle il faudrait toujours représenter principalement les points de vue des opprimés et des exclus. Celui des dominants (voir le Nixon de Oliver Stone, un de mes films préférés de tous les temps) ou des exécuteurs de leurs oeuvres peut aussi être rempli de vérité. Cette histoire en est un bon exemple. Il n'y a pas d'idéalisation du personnage central, il est impulsif, parfois irresponsable, un peu déséquilibré et clairement troublé psychologiquement par son expérience. Ce n'est certainement pas un film qui donne le goût de faire la guerre. La réalisatrice, Kathrin Bigalow, a certes souligné le sacrifice et le dévouement des troupes américaines dans ses discours, mais toujours en ajoutant "qu'ils nous reviennent sains et saufs". C'est une atténuation du slogan "Appuyez les soldats, ramenez-les à la maison" qui a été très important pour le mouvement antiguerre des États-Unis. Sommes toutes, je vous conseille de le voir.
Green Zone est beaucoup plus explicitement politique. Dans ce film, un soldat d'expérience joué par Matt Damon est envoyé avec son équipe pour chercher les fameuses "armes de destruction massive" qui ont servi de prétexte à l'invasion de l'Irak. Il se promène d'une usine abandonnée à une autre pendant des mois, risquant sa vie dans cette poursuite vaine mais qui devait se faire étant donné la rhétorique politique ayant justifié la guerre. En posant quelques questions ambarassantes, il prend contact d'abord avec un vieux routier de la CIA qui n'a jamais cru les prétentions de son gouvernement, puis avec une journaliste qui avait relayé un prétendu scoop à l'effet qu'un informateur fiable et haut placé dans le gouvernement irakien avait rencontré un officiel américain également important et confirmé l'existence des "WMD". Il finira par découvrir que le dossier du gouvernement reposait sur un mensonge pur et simple.
L'ensemble du film est donc une représentation en microcosme de toute la mascarade de l'administration Bush sur l'Irak et de la désillusion cruelle qui s'est abattue sur les soldats et les citoyens du pays à mesure que l'imposture devenait de plus en plus évidente. Une réussite de la part de ceux qui avaient produits la série "Bourne" basée sur les romans de Ludlum, trois excellents divertissements mais au contenu beaucoup moins pertinent.
J'ai gardé mon préféré pour la fin avec "Men who stare at goats". C'est sans doute une des meilleurs films que j'ai vu ces dernières années; et j'en vois beaucoup! Cette comédie étrange est non seulement une grande parabole antiguerre centrée sur l'Irak, mais aussi un rappel de tout le mouvement pacifiste de la période du Viet Nam. En effet, un des personnages principaux, joué avec un calme étonnant par le très pince-sans-rire George Clooney, est un vieux routier de l'armée américaine qui avait été recruté, tout de suite après le Viet Nam, pour faire partie d'une "escouade de la paix" fondant son pouvoir sur des facultés extra-sensorielles et la non-violence. Soulignons la performance hilarante de Jeff Bridges, récemment oscarisé, dans le rôle du chef de cet escadron loufoque.
Ewan McGregor y joue un journaliste qui tombe par hasard sur le soldat "de la paix" désorienté par la dissolution de son unité spéciale. Les deux se retrouvent dans une aventure fantaisiste et vont d'une péripécie incroyable à une autre pendant que le personnage de Clooney racconte son histoire. C'est mourant, c'est touchant et ça fait sourire jusqu'au fond de l'âme. Louez-le dès que vous en aurez l'occasion!
À la prochaine.
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