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Le retour du blogueur solidaire: Gaza

Je suis en vacances depuis lundi, officiellement. Alors je vais commencer à bloguer pour vrai, pas juste à mettre des textes bien construits ou déjà publiés sur mon blogue. Est-ce que ça va m'attirer des ennuis? Peut-être! Mais, comme disait Napoléon: On s'engage et puis on voit!

Depuis quelques jours, ce qui m'occupe et me préoccupe le plus est la situation de la Flottille de la liberté 2, en particulièrement du Tahrir, le bateau Québécois et Canadien pour Gaza. Je ne connais pas tous les détails de l'opération, n'étant pas un des organisateurs, mais je connais plusieurs des personnes les plus impliquées et j'ai confiance en leur jugement. Il s'agit d'une opération humanitaire et de solidarité internationale exemplaire visant à faire pression sur le gouvernement d'Israël pour qu'il lève son blocus économique sur la bande de Gaza, dont la population survit de l'aide alimentaire d'urgence depuis 5 ans. Gaza ne peut pas commercer avec le reste du monde. Son éconmie est au point mort. La population du petit territoire (à peu près de la taille de l'ile de Montréal pour 1,5 millions de personnes)manque de tout.

Mais la question qui m'intéresse, chers lecteurs et chères lectrices, est comment on en est arrivé là. L'histoire est toujours ma référence et mon outil d'analyse de prédilection. Allons-y donc de mémoire, certaines erreurs pourraient donc se glisser.

Jusqu'à la fin des années 1980, l'Orangisation de libération de la Palestine (OLP) réunissait l'essentiel des organisations palestiniennes. Elle refusait de reconnaître la légimité d'Israël et son programme était la création d'un État unifié, laïque et démocratique pour tout le territoire du mandat britannique sur la Palestine (Israël et les Territoires occupés). La lutte armée était considérée comme légitime par l'ensemble des organisations affiliées à l'OLP. Certains de ces groupes ont même innové dans le terrorisme moderne en organisant des détournements d'avion, par exemple. On se souviendra des attentats aux olympiques de Munich en 1972 comme un cas particulièrement brutal de terrorisme palestinien...laïque (on y reviendra).

Avec la fin de la guerre froide et la chutte du Bloc de l'Est, ou elle avait parfois trouvé des allés, l'OLP a décidé de changer de stratégie et d'ouvrir des négociations avec Israël, sur la base d'une sorte de reconnaissance mutuelle, mais forcément inégale, avec d'un côté un État armé jusqu'aux dents et allié des États-Unis, et de l'autre, un mouvement dispersé composé principalement d'exilés et n'ayant que peu d'amis, même dans le monde arabe. De cette négociation dans un contexte nettement défavorable sont sortis les accords d'Oslo. Par ces accords, Israël acceptait la création d'enclaves contrôlées par l'OLP sur une petite partie les territoires saisis en 1967 et promettait de pousuivre les négociations vers un réglement final. L'OLP, de son côté, reconnaissait Israël et son "droit à l'existence" et acceptait que le réglement définitif éventuel soit fondé sur la "solution des deux États".

Mais les espoirs éveillés par ces accords ont tous été trahis. Israël a multiplié le nombre de colons juifs dans les Territoires occupés, les nombreuses séances de négociations pour un réglement final ont toutes échouées, notamment à cause de l'entêtement d'Israël à empêcher la création d'un État palestinien viable, souverain, ayant Jérusalem Est comme capitale. L'OLP, en particulier sa tandance la plus forte, le Fattah, dirigé par Arafat, se transformait en gouvernement de banthoustan (sur le modèle sud-africain) autoritaire et corrompu. On parle aujourd'hui avec raison de l'apartheid israélien.

C'est sur la base de la dénonciation des accords d'Oslo et de l'échec de la stratégie de l'OLP que le Hamas (la résistance islamique) s'est construite progressivement jusqu'à rallier l'appui d'une majorité de la population des Territoires. C'est pourquoi les élections du début de 2006, dont le caractère démocratique est incontesté, ont donné une majorité à la coalition menée par le Hamas.

Ce résultat électoral démontrait l'échec du "processus de paix" amorcé avec Oslo. Mais, au lieu de prendre acte de cet échec et de tenter de relancer la négociation en inlcuant le Hamas, c'est à dire les représentants légitimes du peuple palestinien, Israël et ses alliés, dont le gouvernement Harper, on décidé de ne pas reconnaître le gouvernement issu de ces élections, de le boycotter totalement (une bonne partie de ses ressources de proto-état venant de l'aide internationale et transitant par Israël...) ce qui allait éventuellement causer une petite guerre civile entre Palestinien, le Hamas prenant le contrôle de Gaza, pendant que le Fattah dominait en Cisjordanie. Israël a par la suite repris des relations plus ou moins normale avec le Fattah, mais a complètement exclu tout rapport avec le Hamas, d'ou le blocus de la bande de Gaza.

La politique actuelle de blocus contre Gaza est donc dans la continuité avec une politique colonialiste consistant à nier à la population palestinienne le droit de choisir ses représentants. Le Hamas, comme l'OLP d'avant Oslo, est une organisation qui refuse de reconnaître Israël et qui inclus dans ses moyens d'action différentes formes de violence. La seule différence avec l'OLP est son carractère religieux, inspiré des idées des Frères Musulmans égyptiens, un des groupes qui ont fait tomber la dictature de Mubarak cet hiver. C'est pourquoi Israël et ses alliés politiques et idéologiques occidentaux mettent tant d'effort à nourrir l'islamophobie déjà bien présente dans le monde occidental.

C'est aussi dans la suite de l'échec du processus d'Oslo qu'Israël a répondu à l'enlèvement de trois de ses soldats (un par le Hamas, deux par le Hezbollah, un autre groupe islamiste mais libanais et chiite) par une guerre meurtrière contre le Liban, faisant des centaines de morts parmi les civiles. Une autre attaque semblable a ciblé uniquement Gaza en décembre 2008 et janvier 2009, faisant environ 1500 morts à Gaza, dont beaucoup de femmes et d'enfants. En quoi ces deux guerres ne seraient pas du terrorisme, je n'en ai pas la moindre idée. Il s'agit, comme pour des attentants à la bombe ou des enlèvements ou des lancers de roquettes artisannales, de cibler une population civile en vue d'atteindre des objectifs politiques.

Au bout du compte, la leçon de cette histoire, pour Israël, est qu'on ne peut faire la paix qu'avec nos ennemis, il va falloir qu'ils parlent avec le Hamas. (D'ailleurs, la réconciliation récente entre le Hamas et le Fattah va compliquer grandement l'application de leur politique consistant à parler à l'un mais pas à l'autre!) Pour les mouvements palestiniens, on doit conclure qu'une paix juste avec Israël, fondée sur le droit international, ne sera possible que si on établit un rapport de force politique obligeant Israël a faire des concessions. Ceci ne sera possible que si on change la politique actuelle du Canada, des États-Unis et de plusieurs autres puissances occidentale, qui consiste à appuyer Israël sans condition et à ne jamais sanctionner ses actions même les plus brutales. C'est pourquoi j'appuie la politique de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël. C'est pourquoi j'appuie aussi la Flottille de la paix II.

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