Lors de son conseil national des 18-20 novembre, Québec
solidaire va devoir décider s’il participe au processus de discussions avec le
Parti québécois et Option nationale, à l’initiative des OUI-Québec, à propos
d’une éventuelle « feuille de route » vers l’indépendance. L’option 1
(que l’auteur de ces lignes appuie) propose de « décliner l’invitation »
et de se concentrer sur un effort pour présenter QS comme une alternative. L’option
2 avance qu’on devrait « participer à la première étape » consistant
à discuter du processus d’accession à l’indépendance, sans s’engager vers un
pacte électoral (un sujet pour la 2e étape). Cette option propose
également une série de positions que QS devrait défendre dans cette discussion,
dont l’assemblée constituante.
DES QUESTIONS FONDAMENTALES POUR QS
Cette question peut sembler étroitement tactique, mais elle soulève
en fait plusieurs questions de stratégie pour Québec solidaire, et même la
définition du projet politique qu’il incarne. Voyons-nous Québec solidaire
comme une force politique éternellement auxiliaire, capable seulement
d’influencer les autres partis et d’arracher de petites réformes au
compte-gouttes? (Toutes les réformes sont importantes, mais les mouvements
sociaux en ont gagné bien avant que QS existe. Ça ne peut pas être la raison d’être
ou l’horizon stratégique de notre parti.) Ou concevons-nous au contraire ce
parti comme porteur de transformations significatives (celles qui sont
esquissées dans le programme), imaginables seulement si celui-ci forme le
gouvernement en alliance avec des forces sociales mobilisées ? Bref, voyons-nous QS comme un partenaire pour
une alternance ou comme une alternative ?
Pour le Parti québécois et ses alliés des OUI-Québec, c’est
clair que QS n’a d’utilité que s’il facilite l’élection d’un gouvernement
péquiste en 2018. L’effort de propagande consistant à qualifier un tel
gouvernement de « souverainiste » n’est qu’une mascarade. Le PQ, que
ce soit sous la direction de Lisée ou de Cloutier, ne s’engagera pas dans une
démarche pouvant mener à l’indépendance. Il ne l’a jamais fait, même en 1980 ou
en 1995, quand il demandait à la population de lui donner le mandat de
renégocier au sommet les rapports entre l’État québécois et l’État canadien. Mais
ces moments de quasi-indépendantisme sont maintenant qualifiés de « référendisme »,
selon le mot de Marois. Le courant jusqu’au-boutiste incarné par Option
nationale, Martine Ouellet au PQ et Mario Beaulieu au Bloc, demeure très
minoritaire et ne constitue pas une option viable pour ceux et celles qui
cherchent à se présenter comme le parti de l’alternance à court terme face aux
Libéraux.
La démarche en deux étapes proposée par les OUI-Québec est un
piège caché derrière un mince écran de fumée. La première étape des
discussions, qui ne porte pas sur les alliances électorales mais uniquement sur
la mécanique de l’accession à la souveraineté, n’est qu’une distraction
temporaire dont le but est de nous faire mal paraître si on quitte la table
avant d’être arrivé au bout de cette discussion abstraite. Ceci afin de nous placer ensuite devant
l’urgence de « battre les Libéraux » à quelques mois des prochaines
élections, donc de rendre la rupture éventuelle de plus en plus difficile.
QUELLE POSTURE POLITIQUE POUR 2018 ?
On peut souhaiter divorcer cette première étape de la seconde
dans l’abstrait. Mais le simple fait de participer à cette discussion
sous-entend clairement que nous considérons le PQ comme un partenaire potentiel
et un « moindre mal » par rapport aux libéraux. Comment QS
pourra-t-il justifier sa place dans le paysage politique en 2018 après avoir
véhiculé un tel message pendant une bonne partie de 2016 et 2017 ?
Ce débat soulève donc la question de ce que signifie
« battre les Libéraux ». La dernière fois qu’ils ont été battus, à
l’automne 2012, c’était parce qu’un mouvement social tel que le Québec n’en
avait pas vu depuis 40 ans avait sérieusement ébranlé les fondements de leur
pouvoir. Et tout ce que le PQ est parvenu à faire est de constituer un
gouvernement minoritaire qui a pris quelques décisions progressistes au début, pour rapidement revenir à ses
politiques favorables aux plus riches et finalement déraper vers le populisme
xénophobe en fin de course. Voilà la
réalité de la « gouvernance souverainiste » en action.
Les belles paroles des dirigeants actuels du PQ et des
prétendants à sa direction ne constituent qu’un autre exemple du PQ qui signale
à gauche dans l’opposition avant de virer à droite une fois au pouvoir. Nous
avons joué dans ce film en 1996 et en 2013. Pourquoi en serait-il autrement en
2018? En fait, « battre les libéraux » devrait signifier
« battre » les idées des libéraux dans la population et bloquer leurs
politiques à travers les luttes. Autrement, on ne fera que remplacer ces néolibéraux
par d’autres (le PQ et/ou la CAQ), qui combinent le même genre de politiques
économiques et sociales avec des doses diverses de nationalisme ethnique, de
xénophobie plus ou moins assumée et de rhétorique autonomiste ou souverainiste
sans portée politique réelle.
QUELLES PERSPECTIVES ?
De son côté, Québec solidaire doit clarifier ce qu’il entend
par « gagner », ou plus généralement ce que son ses critères de
succès. Au conseil national, nous aurons l’occasion d’affirmer sans équivoque
que la stratégie du parti repose sur la mobilisation populaire et les luttes
sociales, et non sur des tractations de coulisse avec d’autres partis. Osons
affirmer que pour nous les résultats électoraux ne sont pas une fin en soi ou
un instrument pour faire pression sur d’autres partis, mais uniquement une
réflexion partielle (à cause des distorsions du mode de scrutin et des aléas d’une
courte campagne) des appuis que nous avons dans la population pour nos idées et
notre projet. Disons-nous et communiquons aux autres que nous ne voulons pas
faire partie d’un gouvernement de coalition avec un des trois partis de
l’austérité ou former une alliance avec un de ces partis contre les autres.
En ce qui concerne l’indépendance du Québec, si elle se
trouve dans une impasse présentement, c’est parce que la stratégie dominante
depuis 50 ans consistant à s’unir sur une base nationaliste en mettant de côté
les aspirations sociales et démocratiques de la population a échoué. Nous
proposons une orientation différente, fondée sur une convergence des luttes et
des mouvements, sur un pays de projets et une véritable autodétermination
nationale à travers une assemblée constituante démocratique. Cette vision va se
transformer en projet politique lorsque la majorité de la population se le sera
approprié à travers l’expérience des luttes contre le capitalisme de l’austérité,
des inégalités croissantes et de la négligence criminelle climatique, face à l’État
canadien impérialiste qui est à son service.
Bref, nous ne faisons pas partie de la « famille
souverainiste ». Soyons-en fiers! Cette famille dysfonctionnelle qui
s’entredéchire périodiquement entre deux
périodes de déni et n’arrive pas à confronter ses démons n’est heureusement pas
la nôtre. Donnons-nous plutôt comme mandat de rejoindre les véritables
« orphelins politiques », ceux et celles qui ont raison de ne pas se
reconnaître dans les trois partis qui se partagent présentement la plupart des
sièges à l’Assemblée nationale. Mettons en pratique une autre politique,
orientée vers les besoins de la majorité et axée sur le respect des équilibres
écologiques et des droits humains.
OUF! On se croirait dans la fable de Lafontaine « la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf» Décider de faire cavalier seul quand on a que 10,000 membres et 10% des votes est plutôt prétentieux. Dans notre circonscription d'Huntingdon, notre asso Qs a initié un comité multi-partis (Qs On et PQ) pour discuter des différentes visions de chacun à propos de souveraineté, en l'abordant sous différents thèmes( ex: agriculture). Il est vrai qu'on est déjà sorti de la famille souverainiste, depuis le congrès de mai; il est aussi vrai que l'on ne propose PAS un projet de pays, même pas un pays, puisque l'on a voté pour ne pas donner à l'assemblée constituante le mandat d"aller vers la souveraineté avec un projet établi par cette assemblée. On a voté pour laisser l'assemblée constituante décider si oui ou non on voulait un pays! tu parle d'un parti souverainiste! Moi je débarque, pour ça et autres choses, après deux candidatures....
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