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Le double mandat de l’assemblée constituante (suite)

Ma proposition consistant à donner à l’assemblée constituante le mandat de rédiger deux constitutions, une provinciale et une nationale, a soulevé plusieurs réactions, notamment une élaboration enthousiaste de la part de Jonathan Durand Folco. [i] Il y a ajouté l’idée du tirage au sort des membres de l’assemblée constituante, développée par Roméo Bouchard dans un livre récent. [ii] Le petit débat qui est en cours sur cette nouvelle vision, plus précise, de l’assemblée constituante, fait suite à une discussion déjà amorcée à Québec solidaire depuis plusieurs mois, notamment à la Commission thématique sur la souveraineté (dont fait partie Jonathan Durand Folco) et dans un manifeste, publié à la veille de la dernière élection par des militantes et militants indépendantistes membres de Québec solidaire, d’Option nationale et non-affiliés. [iii] Dans toutes ces discussions, on place souvent au centre des préoccupations l’enjeu de la stratégie indépendantiste. Autrement dit, on se...

Pour un référendum avec deux OUI

On a fait grand cas au cours de la récente campagne électorale du fait que 70% environ de l’électorat était opposé à la tenue d’un troisième référendum sur la souveraineté dans un proche avenir. En même temps, les sondages indiquent qu’environ 40% de la population était favorable à la souveraineté du Québec, au moins en théorie. Il y a donc un quart des indépendantistes qui préféraient ne pas avoir de référendum, probablement parce qu’elles et ils pensent qu’il serait perdant. En voyant aller le Parti québécois de Bouchard à Marois, qui peut les blâmer? C’est l’impasse dans laquelle se trouve le PQ depuis plusieurs années. Lorsqu’il a promis de tenir un référendum, à l’élection de 2007, il s’est retrouvé troisième derrière l’ADQ. Cette fois-ci, en promettant de ne pas le tenir « tant que la population de sera pas prête », il a obtenu son plus mauvais résultat depuis 1970. Ce positionnement ambigu a permis aux Libéraux de mobiliser leur base fédéraliste sans pour autant mo...

Quelques réflexions postélectorales à chaud, 2e partie : un tremplin vers un parti mouvement

Les résultats de Québec solidaire à cette élection peuvent paraître décevants. Passer de deux à trois députés et de 6% à 7,5% des votes n’est pas une progression remarquable face à un PQ désorienté et un PLQ ultra-terne. Bien des voix se font entendre, comme au lendemain de chaque élection, pour trouver dans le scrutin proportionnel une solution à cette relative marginalisation. Une telle réforme serait souhaitable, sans doute, mais sans une progression bien plus rapide de nos appuis, on troquerait notre position de tribuns sans pouvoir réel pour celle de partenaire de coalition avec des forces politiques hostiles aux intérêts que nous défendons. Des convergences au cas par cas, c’est bien, mais une structure politique stagnante avec QS dans le rôle de perpétuel 4 e violon n’est pas une perspective d’avenir. Peu importe le mode de scrutin, le défi des quatre prochaines années sera de s’appuyer sur nos milliers  membres pour rejoindre les centaines de milliers qui ont voté pou...

Quelques réflexions postélectorales à chaud - Première partie : sur le PQ

Cette élection est d’abord une défaite brutale pour le Parti québécois. Avec son pourcentage le plus faible depuis 1970, 30 sièges, et la défaite de Pauline Marois dans sa propre circonscription, on pouvait difficilement imaginer pire. Le retour au pouvoir du PLQ après seulement 18 mois dans l’opposition - et en pleine Commission Charbonneau - témoigne d’une descente aux enfers pour un parti qui se voyait dans l’alternance au gouvernement provincial du Québec jusqu’à une souveraineté de plus en plus hypothétique. Le fond du problème est que le PQ n’a pas été capable de développer une nouvelle stratégie pour la souveraineté après l’échec crève cœur de 1995. Certains péquistes ont évité la question en parlant de « référendum volé », et en proposant une simple partie revanche. C’est ce qui s’est retrouvé, au fond, dans le programme adopté sous le leadership de Bernard Landry en 2005. La troisième place derrière l’ADQ à l’élection suivante a sonné le glas de cette vision aux ...

Plaidoyer pour la kippa du juge Goldberg

Depuis la Commission Bouchard-Taylor, un bon nombre de groupes et d’individus ont repris l’idée que les signes d’appartenance religieuse devraient être prohibés pour une courte liste de professions mais pas pour les autres. Cette liste est généralement construite sur la base du critère de l’autorité que détiendraient ces personnes, autorité qui leur serait déléguée par l’État. Il s’en suivrait que si l’État est laïque et donc neutre sur le plan des croyances, les personnes qui incarnent son autorité devraient avoir « l’apparence » de la neutralité. Ce point de vue est problématique pour plusieurs raisons. D’abord, il sera toujours difficile de s’entendre sur le contenu de la courte liste en question. On l’a vu avec les positionnements de la CAQ et de la CSN, par exemple, qui ont ajouté à la liste de Bouchard-Taylor (juges, policiers, procureurs, gardiens de prison), les 100 000 enseignantes et enseignants du système scolaire public. En tant qu’enseignant moi-même, je...

Inclure, de Jean Dorion[i]: Pour un Québec libre… de l’islamophobie!

Jean Dorion a un cheminement unique qui donne une portée significative à sa critique forte du projet de Charte du gouvernement Marois. Il a été attaché politique des Ministres de l’Immigration Jacques Couture et Gérald Godin, ce qui l’a placé en première ligne dans l’invention de l’approche interculturelle par des gouvernements péquistes. Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) pendant plusieurs années, il a joué un rôle clé dans les mobilisations en défense de la loi 101. Il a aussi été délégué du Québec à Tokyo et député du Bloc Québécois. Il est un des auteurs de la Déclaration des indépendantistes pour une laïcité inclusive qui a été signée notamment par Maria Mourani, Yves Beauchemin et Jocelyn Desjardins (fondateur du NMQ). [ii] Son livre intitulé Inclure : Quelle laïcité pour le Québec , se situe dans le prolongement de plusieurs interventions publiques de l’auteur dans ce débat, depuis la Commission Bouchard-Taylor. On pourrait résumer sa p...

La prohibition des signes religieux, contre la laïcité

Les partisans de la prohibition des signes religieux pour les travailleuses et travailleurs du secteur public évoquent fréquemment le cas de la France où cette mesure est en place depuis des lustres afin de justifier ce qu’on considère comme une sorte de rattrapage. La France serait un modèle de laïcité à suivre, tandis que le Québec, avec son laisser-aller pluraliste d’inspiration anglaise tarderait à compléter la laïcisation de ses institutions. J’avance qu’au contraire le modèle québécois, fondé sur l’acceptation de la diversité religieuse y compris dans ses manifestations vestimentaires, constitue la voie de l’avenir, tandis que le courant de pensée dominant en France s’accroche à un passé révolu et ce faisant dénature la notion même de laïcité. Aux origines révolutionnaires de la laïcité Dans la France d’Ancien régime, les privilèges de l’aristocratie et ceux du clergé allaient de pair, dans un système légal profondément inégalitaire. La monarchie absolue était fondée sur...